L’Inde
Le paysage religieux indien est très varié.
En 2001, les religions se répartissaient de la
façon suivante pour une population totale
de plus de 1 milliards d’habitants : l’Hindouisme
était pratiqué par 80,5% de la population
indienne, l’Islam par 13,4% , le Christianisme
par 2,3%, le Sikhisme par 1,9%, le Bouddhisme par 0,8%
et enfin le Jaïnisme par 0,4%. Efin, les autres
religions représentaient 0,7% de cette population.
L’Inde
ne connaît pas le terme de « laïcité »
mais connaît le terme de « secularism »,
qui peut apparaître comme la traduction indienne
de notre laïcité. La Constitution indienne
de 1948 pose l’« interdiction de tout signe,
marque, nom ou vêtement indiquant une religion
». Le terme « secularism » ne fait
son apparition dans le texte constitutionnel qu’en
1976, même si l’Inde se définit dès
l’origine comme une « secular Republic
», qui porte un respect égal à toutes
les religions ». La Cour Suprême constate
dès 1974 que le secularism correspond plus à
un « aider à vivre » qu’à
un « laisser vivre ».
Origines et signification du secularism indien
En 1948 naît l’idée de la construction
d’une nation unifiée, où la loyauté
des citoyens envers l’État supplante l’allégeance
traditionnelle à la « community »
et où les minorités religieuses sont protégées.
De cette façon musulmans, chrétiens, sikhs,
bouddhistes et jains ont le droit de maintenir des écoles
confessionnelles subventionnées ou de faire du
prosélytisme.
Le concept de « secularism »
est à rapprocher de celui posé par le
1er amendement de la constitution américaine,
qui garantit le « libre exercice » de toute
religion. Cependant ce « secularism »
n’a jamais été simple à appliquer.
Par exemple dès les années 50, il existait
un projet de « uniform civil code »
(code civil unique). Cependant, ce genre de projet posait
problème par rapport au « secularism »
qui veut protéger les minorités religieuses.
En effet, le projet de « uniform civil code »
allait contre les exigences de la religion musulmane
car pour les musulmans, une grande partie du droit est
directement issue de la shari’a. Aujourd’hui
en 2005, une grande partie du droit des personnes en
Inde obéit aux coutumes et traditions écrites
des diverses religions, et donc chez les musulmans à
la shari’a.
Inde et Islam
Puisque la religion musulmane semble avoir pu freiner,
à un moment donné, les avancées
qui auraient pu être réalisées grâce
au secularism, il peut être intéressant
d’étudier brièvement la situation
de l’islam en Inde. L’islam est une religion
qui suscite au niveau politique un certain nombre de
questions puisque cette religion comprend en quelque
sorte son propre système juridique et politique.
Pour étudier ceci, il s'agit de distinguer deux
choses, à savoir d’une part l’islamisation
politique de l’Inde et d’autre part l’islamisation
de la société indienne.
L’islamisation politique de l’Inde est
facilement évaluable et explicable par les conquêtes.
Elle a été, jusqu'à l'arrivée
des britanniques, une relative réussite puisque
les dynasties musulmanes ont occupé depuis le
12ème siècle, une position hégémonique.
Aujourd'hui, avec le « secularism »,
l'islamisation politique connaît un recul en Inde
même si des tensions naissent du fait, entre autre,
des privilèges excessifs accordés aux
communautés musulmanes ( privilèges juridiques
notamment, à cause de la sharia).
L'islamisation de la société ou "islamisation
civile"est quant à elle beaucoup plus difficilement
évaluable. On est face semble t-il à un
véritable échec de cette islamisation.
80% des habitants de l'Inde sont de confession hindou
et ce, depuis longtemps. Alors même que les dynasties
musulmanes étaient en place, la société
était hindou. 15% des indiens sont de confession
musulmane, 30% si l'on considère l'ensemble du
sous-continent indien, qui va au-delà de l’Etat
indien proprement dit.
On se rend compte cependant que la part de la population
musulmane augmente régulièrement, malgré
la partition, qui a ôté à l'Inde
ses parties les plus musulmanes, à savoir le
Pakistan et ce qui est devenu le Bangladesh. Est-ce
à dire que l'islamisation de la société
est en progrès ? Oui et non, d’après
nos sources. En Inde, il semble que ce soit les plus
basses couches sociales qui aujourd'hui se tournent
vers l'islam, pour échapper au système
des castes : elles sont donc attirées par
le pseudo-égalitarisme de l'islam. Ce sont aussi
ces basses couches sociales qui ont le taux de fécondité
le plus élevé. Au regard du taux de fécondité
des diverses populations, la population musulmane connaît
donc une certaine croissance.
On peut aussi se demander pourquoi l'islamisation de
la société n'est t-elle pas plus vive
(et n’a-t-elle pas été plus vive),
et ce dès le 12ème siècle ? Une
des raisons réside sans doute dans l'absence
de prosélytisme, jusqu'à l'époque
coloniale. Les basses castes, qui aujourd'hui sont attirées
par l'islam, ne faisaient pas parties des convertis
à l'époque, faute de contact suffisant
avec les musulmans. Ceux qui finalement se convertissaient
étaient les marchands, en contact régulier
avec d’autres marchands de confession musulmane.
Le secularism aujourd’hui
Depuis la fin des années 80, le « secularism »
indien est remis en cause et ce pour, entre autre, deux
raisons. D’une part, le rapport à l’État
ne se comprend pas sans les pratiques religieuses puisque
ce sont ces pratiques religieuses qui structurent entièrement
le corps social. D’autre part, il y a de fait,
un excès de privilèges pour les musulmans
et les chrétiens. |