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Les
femmes attendent beaucoup de la Révolution et expriment
leurs revendications par le biais de pétitions,
adresses et cahiers de doléances. Leurs revendications
portent sur des problèmes auxquelles elles sont
traditionnellement confrontées : absence d'instruction,
mortalité en couches, droit d'exercer un métier,
protection des travaux féminins (couturière,
brodeuse
)
Les revendications touchant aux droits politiques sont
rares car rares sont celles qui ont conscience de leur
importance. Les femmes de Provence protestent en 1789
contre la composition des Etats Généraux
dont elles sont exclues. Les députés répondent
alors à ces revendications : ne sont-ils pas,
eux, les députés de tous et donc des femmes
? Par le biais d'un cahier de doléance, une madame
B.B. du pays de Caux rétorque " Etant
démontré avec raison qu'un noble ne peut
représenter un roturier, [
] les femmes
ne pourraient donc être représentées
que par des femmes "
En plus de revendications écrites, les femmes
revendiquent par l'action : le 5 octobre 1789 elles
constituent l'essentiel du cortège de Versailles
et pénètrent dans le château. Jules
Michelet dira :
" Ce qu'il y a dans le peuple de plus
instinctif, de plus inspiré, ce sont les
femmes. [
] Les hommes ont pris la Bastille,
et les femmes ont pris le Roi " |
Durant l'ensemble de la période révolutionnaire,
elles occupent la rue dans les semaines précédent
les insurrections, et appellent les hommes à
l'action, en les traitant de lâches. De cette
façon, les femmes pénètrent la
sphère du politique et y jouent un rôle
actif. Mais dès que les associations révolutionnaires
dirigent l'événement, les femmes sont
exclues du peuple délibérant, du corps
du peuple armé (garde nationale), des comités
locaux et des associations politiques.
Ne pouvant prendre part aux délibérations
des assemblées politiques, les femmes prennent
place dans les tribunes ouvertes au public. Elles y
acquièrent lesurnom de " tricoteuses "
(1795) : " postées dans les tribunes,
elles influencent de leurs voix enrouées les
législateurs assemblés ". Dans
la mentalité populaire, ces tribunes ont une
fonction politique capitale et y prendre place signifie
exercer une part de souveraineté.
Les femmes se regroupent également en clubs
à Paris et en province. Elles y tiennent des
séances régulières ponctuées
par la lecture des lois et des journaux, discutent des
problèmes politiques et s'occupent des tâches
philanthropiques. A partir de 1792, l'activité
des clubs se radicalise, et aux côtés de
Jacobins ces clubs prennent part à la vie politique
de leur région. Parmi les plus réputés
à Paris on peut citer la Société
Patriotique et de Bienfaisance des Amis de la Vérité
(1791-1792). Fondé par Etta Palm d'Aedlers, ce
club de femmes plaide pour l'éducation des petites
filles pauvres puis réclame le divorce et les
droits politiques.
Enfin, les salons, tenus par les femmes des milieux
dirigeants, tels ceux de Mme Roland et de Mme de Condorcet,
ont également joué un rôle important
sous la Révolution. Le salon est à la
fois un espace privé et un espace public, lieu
d'échange entre les sexes. |