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La Révolution de 1789 : un espoir pour les femmes. Luttes et revendications
 
Qui sont les militantes de 1789 ?
 

Octobre 1789Les militantes de 1789 sont pour l'essentiel tricoteuses, marchandes de halles , pauvresses, révoltées contre la misère, l'insolence et les privilèges. Peu d'entre elles ont conscience d'un combat pour les droits de leur sexe. Seules quelques marginales, vite persécutées, donnent à leurs actes un dimension proprement féministe.

Parmi ces militantes, on peut se pencher plus longuement sur une personnage marquant, Olympe de Gouges (voir fiche >>>), vouée à un destin tragique. Née en 1748, sous le nom de Marie Gouze à Montauban, elle était connue comme la fille du boucher de la ville mais était en réalité la fille du puissant Lefranc de Pompignan, noble influent. Elle s'éduque seule, vite et mal , ne saura jamais ni bien parler ni bien écrire le français. Mariée à seize ans, elle devient presque aussitôt veuve. Elle conservera dès lors sa liberté. Montée à Paris, elle devient une femme galante. Elle se lance malgré son parler approximatif dans la littérature et entreprend la rédaction de pièces de théâtre, qui seront longtemps boudées par la Comédie Française, théâtre officiel sans l'aval duquel le dramaturge n'existe guère. Sans doute aussi parce qu'en plus d'être une femme, elle se positionne comme anticolonialiste et donc comme adversaire du racisme plus largement. Sensible aux injustices, elle ne peut que mener, à côté de ses combats politiques, économiques et sociaux un combat spécifique relatif à l'égalité des sexes. Elle choisit une voie pacifiste pour mener son combat, loin des Enragées de la Révolution auxquelles adhérent Claire Lacombe et Pauline Léon. Elle parodie le style de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dans une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Olympe de Gouges Article 1
La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits
...
Article 3
Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation qui n'est que la réunion de la Femme et de l'Homme.

Mais la société n'évoluera pas immédiatement de concert avec Olympe et celle ci, ayant dénoncé avec hargne Philippe d'Orléans, cousin du Roi, après l'avoir admiré, sera traînée dans la rue par des hommes envoyés par Philippe d'Orléans lui même. Elle sera par le suite guillotinée sous la Terreur pour avoir réclamé le droit de monter à la tribune.
 
 
 
Revendications et modes de communication des femmes
 
Les femmes attendent beaucoup de la Révolution et expriment leurs revendications par le biais de pétitions, adresses et cahiers de doléances. Leurs revendications portent sur des problèmes auxquelles elles sont traditionnellement confrontées : absence d'instruction, mortalité en couches, droit d'exercer un métier, protection des travaux féminins (couturière, brodeuse…)

Les revendications touchant aux droits politiques sont rares car rares sont celles qui ont conscience de leur importance. Les femmes de Provence protestent en 1789 contre la composition des Etats Généraux dont elles sont exclues. Les députés répondent alors à ces revendications : ne sont-ils pas, eux, les députés de tous et donc des femmes ? Par le biais d'un cahier de doléance, une madame B.B. du pays de Caux rétorque " Etant démontré avec raison qu'un noble ne peut représenter un roturier, […] les femmes ne pourraient donc être représentées que par des femmes "

En plus de revendications écrites, les femmes revendiquent par l'action : le 5 octobre 1789 elles constituent l'essentiel du cortège de Versailles et pénètrent dans le château. Jules Michelet dira :

" Ce qu'il y a dans le peuple de plus instinctif, de plus inspiré, ce sont les femmes. […] Les hommes ont pris la Bastille, et les femmes ont pris le Roi "

Durant l'ensemble de la période révolutionnaire, elles occupent la rue dans les semaines précédent les insurrections, et appellent les hommes à l'action, en les traitant de lâches. De cette façon, les femmes pénètrent la sphère du politique et y jouent un rôle actif. Mais dès que les associations révolutionnaires dirigent l'événement, les femmes sont exclues du peuple délibérant, du corps du peuple armé (garde nationale), des comités locaux et des associations politiques.

Ne pouvant prendre part aux délibérations des assemblées politiques, les femmes prennent place dans les tribunes ouvertes au public. Elles y acquièrent lesurnom de " tricoteuses " (1795) : " postées dans les tribunes, elles influencent de leurs voix enrouées les législateurs assemblés ". TricoteusesDans la mentalité populaire, ces tribunes ont une fonction politique capitale et y prendre place signifie exercer une part de souveraineté.

Les femmes se regroupent également en clubs à Paris et en province. Elles y tiennent des séances régulières ponctuées par la lecture des lois et des journaux, discutent des problèmes politiques et s'occupent des tâches philanthropiques. A partir de 1792, l'activité des clubs se radicalise, et aux côtés de Jacobins ces clubs prennent part à la vie politique de leur région. Parmi les plus réputés à Paris on peut citer la Société Patriotique et de Bienfaisance des Amis de la Vérité (1791-1792). Fondé par Etta Palm d'Aedlers, ce club de femmes plaide pour l'éducation des petites filles pauvres puis réclame le divorce et les droits politiques.

Enfin, les salons, tenus par les femmes des milieux dirigeants, tels ceux de Mme Roland et de Mme de Condorcet, ont également joué un rôle important sous la Révolution. Le salon est à la fois un espace privé et un espace public, lieu d'échange entre les sexes.

 
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