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L'occasion manquée d'un bon "peplum"

C'est une tradition dans le cinéma hollywoodien, la réalité historique est souvent bafouée au profit de scénarii passe-partout et simplistes. Entre le western et le "Peplum" il n'y a ainsi quelquefois qu'un pas à franchir... et le film Gladiator relève de cette tradition déjà bien établie.
Les reconstitutions de bataille y sont remarquables et sont probablement très proches de la réalité. Les combats de gladiateurs y sont impressionnants mais parfois peu crédibles. Quant au héros, un certain général Maximus, il est une sorte de réplique de Rambo et de Jackie Chan, sortant sans grand dommage de combats contre des fauves, des archers juchés sur des chars ou de multiples gladiateurs...

Cependant, le plus choquant est la façon dont le réalisateur a piétiné la réalité historique :

• L'assassinat de l'empereur Marc-Aurèle par son fils Commode n'a rien d'évident. Certains historiens pensent qu'il est mort en 180 de la peste ou d'épuisement après des années passées sur les champs de bataille en Germanie. D'autres estiment que Commode a fait petit à petit empoisonner son père par ses médecins. Aucun historien ne parle d'étranglement de Marc-Aurèle par son fils, contrairement à ce que la plupart des spectateurs ont du prendre pour argent comptant après avoir vu Gladiator.

• Il n'est d'autre part à aucun moment fait mention dans des ouvrages d'histoire romaine d'une quelconque intention de Marc-Aurèle de déshériter son fils au profit d'un général victorieux en Germanie qui rétablirait la République et le Sénat dans ses anciennes prérogatives !

• Quant à la sœur de Commode, Lucille, il est vrai qu'elle a comploté contre son frère mais ce fut rapidement (au début du règne de Commode et non pas en 192, à la mort de Commode, comme le film le suggère). Elle fut exécutée sur l'ordre de Commode qui sombra dès lors dans une folie de la persécution de plus en plus marquée.

• Commode fut, de plus, effectivement un passionné de combats de gladiateurs. Se prenant pour Hercule, il descendit 700 fois dans l'arène et, à la différence du film Gladiator, il n'y périt pas : il fut assassiné dans ses appartements par l'esclave Narcisse qui l'entraînait régulièrement au maniement des armes.

• Le Sénat se hâta alors non pas de reprendre le pouvoir (hypothèse de Gladiator) mais d'avaliser la nomination de Pertinax comme empereur, un préfet de la Ville qui venait d'être acclamé par la garde prétorienne.

On est donc loin du scénario édulcoré hollywoodien de Gladiator. Un tel choix aurait tout à fait été possible si le spectateur en avait été prévenu. Tel n'est pas le cas et bien des gens croiront dur comme fer que Commode a assassiné son père, a été défié par un des anciens généraux de son père et est mort dans l'arène tué par l'ex-général Marcellus.
Hollywood aurait tout aussi bien pu respecter la réalité historique romaine si dramatique. Les producteurs anglo-saxons ont raté là l'occasion de crédibiliser un "peplum". C'est pour le moins regrettable.
Laurent Weill

 

Conseils de lectures...

Thucydide a sélectionné pour vous quelques ouvrages sur l'Empire romain, les gladiateurs, ainsi que sur les empereurs Marc-Aurèle et Commode.

Rendez-vous à la rubrique LIRE > Bilbiographies de Thucydide.

 

Gladiator
2000 - Ridley Scott


Le général romain Maximus est le plus fidèle soutien de l‘empereur Marc Aurèle, qu‘il a conduit de victoire en victoire avec une bravoure et un dévouement exemplaires. Jaloux du prestige de Maximus, et plus encore de l‘amour que lui voue l‘empereur, le fils de Marc-Aurèle, Commode, s‘arroge brutalement le pouvoir, puis ordonne l‘arrestation du général et son exécution.
Maximus échappe à ses assassins mais ne peut empêcher le massacre de sa famille. Capturé par un marchand d‘esclaves, il devient gladiateur et prépare sa vengeance.

 
Pour en savoir plus...
 
Sur le web
- Dossier complet sur le site de la revue Historia
- Rome sous le Haut-Empire : reconstitutions
- Notices biographiques sur les empereurs romains
- Abrégé d'histoire romaine : Noctes Gallicanae
- Tout sur les combats de gladiateurs
- Marc Aurèle, Empereur-philosophe : textes
 

Biographies :

Marc-Aurèle
Empereur et philosophe (161-180 ap. J.-C.)
Marc Aurèle naît dans une famille de patriciens romains en 121 après J.C. Il est adopté par l'empereur Antonin pour lui succéder et devient empereur à 40 ans. Venu de bonne heure à la philosophie à travers la lecture d'Epictète, amoureux des arts, il doit vivre 20 ans sous la tente, consacrant son existence à la guerre contre les barbares, à la tête de ses armées, sur le Danube et en Syrie, afin d'assurer la paix de l'Empire. Ses Pensées pour moi-même (douze livres écrits en grec), ont été notées au jour le jour, pendant ses campagnes.
Il meurt sur le front du Danube, en 180, probablement à Vienne.
Sources : SOS Philosophie

Commode
Empereur romain (161 - 192), dernier souverain de la dynastie des Antonins.
Succédant en 180 à son père Marc Aurèle, qui l'avait associé au pouvoir dès 176, Lucius Aelius Aurelius Commodus se ménage l'appui de l'armée mais persécute l'aristocratie sénatoriale, qui s'indigne de la gabegie dans laquelle s'enfonce le pouvoir.
Le mécontentement est encore entretenu par le népotisme, dont profitent à la fois la classe chevaleresque et celle des aventuriers, tel l'affranchi Marcus Aurelius Cleander, à qui l'empereur confie le pouvoir en 185.
Les historiens, épousant la cause du sénat, ont laissé de Commode le portrait d'un mégalomane qui donne à Rome le nom de Colonia commodiana et qui, se prenant pour Hercule, s'exhibe aux jeux du cirque. En fait, Commode incarne plutôt la transformation progressive de l'Empire romain, où subsistent des vestiges de l'ancienne république, en une monarchie absolue de type oriental. Il périra assassiné par sa concubine, qui, n'ayant pu l'empoisonner, le fera étrangler. Le sénat votera l'annulation de ses actes et lui refusera l'apothéose.
Sources : Webencyclo

 

Les combats de gladiateurs
Définition et bref historique...

Rites funéraires à l'origine, destinés à verser le sang pour les morts, les combats de gladiateurs apparurent en Étrurie, puis se répandirent en Campanie et à Rome, où ils entrèrent dans les spectacles officiels (105 av. J.-C.). À partir du IVe siècle apr. J.-C., leur vogue s'essouffla, si bien qu'ils furent officiellement supprimés en 404.

Condamnés à mort, esclaves, volontaires même, luttant pour un salaire, les gladiateurs furent l'objet d'un commerce fructueux et coûteux, car il fallait entretenir des troupes et les entraîner. Les principales écoles se trouvaient en Campanie et à Rome. On distinguait plusieurs types de combattants, selon les armes utilisées : le Samnite (casque à panache, bouclier, épée), le rétiaire (filet et trident) et le Thrace (petit bouclier, sabre court) étaient les principaux d'entre eux.
Sources : Webencyclo