DEVELOPPEMENT
Le Baath (Renaissance en arabe) est le parti politique
au pouvoir en Irak et Syrie depuis les années 1960.
Le mouvement baathiste a été créé
à Damas dans les années 40 par le chrétien
Michel Aflak et le musulman sunnite Salah Al Din Bitar. En
1953, ce mouvement prend le nom de Parti baath Arabe Socialiste.
Il atteint son apogée dans les années 60, et
devient l'une des principales expressions du nationalisme
arabe révolutionnaire.
L'unité arabe est au centre de la doctrine du baath
et prime sur tout autre objectif. Selon son fondateur, Michel
Aflak, les peuples arabes forment une seule nation aspirant
à constituter un Etat et à jouer un rôle
spécial dans le monde. De sensibilité laïque,
il admet cependant le rôle que l'Islam a joué
dans l'arabisme et appelle au socialisme. Le baath
se prononce, du moins dans les années 50, en faveur
d'une démocratie pluraliste et d'élections libres.
Enfin, la question palestinienne, si elle le préoccupe,
est loin de constituer le point central de son idéologie.
Le baath se manifeste très tôt dans la vie politique
de la Syrie où militaires et civils se succèdent
au pouvoir après l'indépendance. Une mutation
se produit dans l'idéologie et l'organisation du parti
à la suite de périodes de clandestinité
successives. Il multiplie les attaques contre la démocratie
libérale alors que les militaires jouent un rôle
accru dans l'appareil; les revendications à caractère
socialiste s'affirment.
Mais le tournant dans l'histoire du parti date de 1958 et
de la constitution de la République Arabe Unie (RAU)
entre l'Egypte et la Syrie. Le baath, qui partage les analyses
de Nasser sur la politique arabe et internationale, accepte
de dissoudre sa section syrienne. L'échec de la RAU
en septembre 1961 provoque une longue crise interne. Celle-ci
s'accentue alors même que le parti accède au
pouvoir en Irak en février 1963 et en Syrie en mars
de la même année.
L'échec de la RAU amène surtout certains cadres
à remettre en cause le dogme de l'unité arabe.
En Syrie, ceux qu'on appelle les "régionalistes"
- dont faisait partie le chef de l'Etat syrien Hafez El Assad
- (par opposition aux "nationalistes", favorables
à un dessein arabe), affirment progressivement leur
domination à partir de la prise de pouvoir par le baath
en 1963. Les fondateurs du parti, dont Michel Aflak, sont
contraints à l'exil.
Deux directions panarabes - avec chacune ses sections régionales
- se mettent en place : l'une à Damas, l'autre à
Bagdad où Michel Aflak s'est réfugié,
après la prise de pouvoir par le baath - avec la participation
de Saddam Hussein - en juillet 1968. Les deux partis se transforment
alors en instrument des politiques d'Etat. L'annexion du Koweit
par l'Irak en août 1990 "comme une étape
de l'unification arabe" est une illustration de cette
transformation.
Paradoxalement, c'est une fois arrivé au faîte
du pouvoir - avec la direction de deux grands Etats arabes
- que le baathisme a entamé son déclin comme
idéologie. Le baathisme imprime pourtant une marque
spécifique en politique intérieure - avec l'application
de mesures socialistes et une certaine laïcité.
Source : MEDEA
(Institut européen de Recherche sur la Coopération
Méditerranéenne et Euro-Arabe)
(août 1990)
Pour en savoir plus :
Le
Monde Diplomatique : La dictature de M. Saddam
Hussein (Un paragraphe sur le Baath).
Le
Monde Diplomatique : Emprise vacillante du parti
Baas en Irak (Le Baath en 2000)
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