Comprendre> Le Code Civil ou Code Napoléon : 1804-2004 (Dossier Mars 2004)
 
 
La codification du droit : historique, explications sur les motivations et les objectifs
 

A l’étranger
Sous l’impulsion du « despotisme éclairé » qui constituait l’idéal politique des philosophes des Lumières en Allemagne et en Italie, le projet codificateur alla loin.
- Dans les Etats héréditaires des Habsbourg, la codification commença dès 1753. Une première ébauche fut présentée en 1766 sous le nom de Code Theresianus (du nom de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche). La mouture finale fut promulguée en 1786 sous le nom d’Allgemeines Bürgerliches Gesetzbuch (ABG, « Code Civil général »).
- L’œuvre la plus remarquable de la période qui précédant le Code Napoléon reste la Codification Prussienne. Préparé dès 1780 sur l’ordre de Frédéric II, le « Code Général des Etats prussiens » fut promulgué en 1794 (Allgemeines Landrecht für die Preussischen Staaten = ALR). Ce Code prétendait embrasser toutes les branches du droit, à la fois public et privé

En France
L’idée d’une codification du droit français n’était pas totalement nouvelle lorsque le Consul Bonaparte s'en préoccupa.
En effet, en 1665 déjà, Louis XIV avait nommé une commission de codification, et en 1791, l’Assemblée Constituante décrèta qu’« il sera fait un code de lois civiles commun à tout le royaume ». Trois projets successifs furent rédigés par Cambacérès. Sous la Convention, un Comité de Législation ébaucha également un projet de code.

Les objectifs visés
La rédaction de l’ensemble de ces codes avait pour principal objectif que la loi soit écrite et qu’elle soit claire pour que nul ne l'ignore.
Dans le contexte d'édification d'Etats souverains, unifiés et puissants (dès le XIIIème siècle), l'unité du droit interne fit lentement son chemin. A partir de François Ier (XVIème siècle), on tenta à de multiples reprises d'uniformiser les principes et institutions judiciaires. La France était en effet une véritable mosaïque juridique où plusieurs sources du droit coexistaient : droit coutumier, droit canonique, droit romain, législation royale. En traversant les "Pays de France", un voyageur changeait de lois à de multiples reprises. Le pouvoir royal, dans un objectif de centralisation, devait réaliser l’unité juridique. Il n'y réussit pas, mais ses efforts servirent de préparation au Code Civil.

Les principes ayant présidé à la rédaction du Code Civil
Lorsqu’il s’agit de faire un code, deux alternatives s’offrirent au législateur. Le projet codificateur pouvait englober la totalité du champ juridique (un seul code pour tout le droit), ou seulement une branche du droit (un code pour le droit civil, un code pour le droit pénal…). Le législateur opta pour la seconde possibilité.

Cinq grands principes présidérent à la rédaction de ce code :
- unité du droit : le même droit devait s’appliquer à l’ensemble des habitants d’un même territoire
- unité de la source juridique : une seule autorité devait avoir compétence pour élaborer lois et décrets. Les cours et tribunaux ne devaitn plus avoir qu’une fonction interprétative et de définition des modalités pratiques.
- caractère complet du droit : tous les litiges nouveaux doivent être réglés par un seul et même droit.
- indépendance du droit : ce principe reprenait la séparation des trois pouvoirs énoncée par Montesquieu dans « De l’esprit des lois ». Le judiciaire devait être indépendant de l’exécutif et du législatif
- évolution du droit : le droit doit s’adapter aux mentalités qui changent.

 
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