|
|
|
|
|
Comprendre>
Les femmes et la République en France - La République
au féminin |
|
|
|
|
La Deuxième République
(1848-1850) et le Second Empire (1851-1871) |
|
|
Deuxième
République : le suffrage " universel " se met
en place |
|
|
L'instauration
du suffrage " universel " se fit sous l'impulsion
de Ledru Rollin en mars 1848 (décret instaurant
le suffrage universel) : tout citoyen âgé
de 21 ans avait désormais le droit de vote, sans
restriction ni de capacité, ni de cens, les pauvres
comme les domestiques, les vagabonds comme les travailleurs
itinérants. Il suffisait de résider au
même endroit depuis six mois. Mais des exclus
du suffrage universel demeuraient : ceux qui avaient
été privés de leurs droits par
la justice, les faillis, les déments internés
et les femmes.
Après quelques difficultés, le scrutin
eut lieu et, surprenant résultat, les modérés
l'emportèrent. |
|
|
|
|
L'engagement
des femmes, début du suffragisme |
|
|
En 1848, un petit mouvement commença
à manifester en faveur du suffrage féminin.
Eugénie Niboyet (voir fiche >>>),
Jeanne Deroin, Louise Colet et Adèle Esquiros
lancèrent deux journaux : " La Voix des
femmes ", puis " L'Opinion des femmes
". Leur combat était centré sur la
liberté civile et politique des femmes. Il ne
fut reçu positivement que par un unique député,
Victor Considérant. Les esprits s'emportèrent
alors avant les élections instaurées par
le décret de mars 1848, qui excluaient les femmes
du droit de vote.
" La Voix des femmes " prit une initiative
malheureuse : la Société Féministe
lança une candidature, illégale parce
que féminine, celle d'Aurore Dupin, connue sous
le pseudonyme de George Sand. La candidature fut une
surprise, notamment pour l'intéressée
! Furieuse, elle cria à la plaisanterie, démentant
et critiquant vivement les suffragistes. Si George Sand
était féministe, avec une obsession contre
le mariage par lequel la femme est maintenue en sujétion,
elle n'était cependant pas suffragiste, puisqu'elle
n'accordait pas beaucoup d'importance aux droits politiques. |
|
|
|
|
Discours
des partisans et des adversaires du suffrage féminin |
|
|
Pour les Républicains de 1848,
les femmes doivent se contenter de la famille, en raison
de leur infériorité physique et intellectuelle,
de leur manque d'instruction et parce qu'elles sont
sous l'influence de l'Eglise et sous la dépendance
économique et juridique de leur mari lorsqu'elles
sont mariées.
Ainsi, Victor Hugo avait adopté une attitude
ambiguë : parfois profondément sexiste
quand il affirmait :
" l'homme a reçu de la nature
une clé avec laquelle il remonte sa femme
toutes les vingt-quatre heures " |
et parfois profondément libéral lorsqu'il
écrivait au féministe Léon Richer
:
" dès 1849, dans l'Assemblée
Nationale, je faisais éclater de rire la
majorité réactionnaire en déclarant
que le droit de l'homme avait pour corollaire le
droit de la femme et le droit de l'enfant [
] " |
L'historien Michelet, lui, était clairement
réticent au droit de vote des femmes ; il proclama
même au Collège de France :
" accorder aux femmes le droit de
voter immédiatement, ce serait faire tomber
dans l'urne électorale quatre-vingt mille
bulletins pour les prêtres ". |
Cependant, à cette époque, certains mouvements
féministes desservaient leur propre cause. Il
suffit de citer les Vésuviennes qui, au
nom de l'égalité réclamaient, " le
service militaire féminin, l'obligation de mariage
à 21 ans pour les femmes, à 26 ans pour
les hommes, le doublement de la durée du service
militaire pour les hommes qui refuseraient les tâches
ménagères ! ". Ces mouvements
suscitaient souvent peur et rejet de la part d'une société
en lente évolution. |
|
|
|
|
La question
du suffrage universel masculin |
|
|
Politiques, juristes et philosophes
se moquaient bien du droit de vote des femmes. C'est
le suffrage universel masculin qui était au cur
de leurs préoccupations. Les conditions d'accès
au droit de vote furent aménagées pour
obtenir des résultats plus favorables aux conservateurs
ou pour exclure du droit de vote " la partie
dangereuse des grandes populations agglomérées ",
comme le soulignait Thiers.
Louis
Napoléon Bonaparte rétablit le suffrage
universel masculin, lorsqu'il fut élu premier
Président de la République, ce qui l'aida
à se faire plébisciter. Mais cette première
élection au suffrage universel permit surtout
à Louis Napoléon Bonaparte de rétablire
un pouvoir monarchique. Le souvenir qu'elle laissa aux
républicains fut si mauvais que la procédure
elle-même en devint suspecte. Ils se servirent
de cet échec et de l'immaturité du peuple
pour retarder l'extension du droit de vote aux femmes.
Ainsi, en 1870, le suffrage universel, supposé
être la cause de la faiblesse et des erreurs du
pouvoir, fut tenu pour responsable de la défaite.
Thiers proposa de réglementer, moraliser et épurer
le suffrage. On évoqua le vote plural, les pères
de familles, les gros contributeurs fonciers, et les
titulaires de certains diplômes disposant de plus
d'une voix, ou le vote par catégorie, les gros,
moyens et petits contributeurs ayant une représentation
équivalent.
Mais à partir de 1875, le suffrage universel
masculin, malgré ces critiques et menaces, fut
définitivement établi. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|