Pour cette période de l'Histoire de France, le
choix rationnel d'un site était une grande innovation.
De plus, le programme des travaux était complet
et précis. Il s'agissait d'un programme conçu pour le bien
public, adapté à des buts politiques, militaires, économiques
et nautiques.
Le choix rationnel d'un site
Ce
site portuaire était déjà connu sous le nom de Havre de
Grâce. On ne sait pas avec précision pourquoi il
fut retenu, la commission n'en parlant pas, si ce n'est en
des termes vagues, " le plus propre et plus aisé "
de la côte.
Il est vraisemblable que Guyon Le Roy, capitaine du port de
Honfleur, l'avait utilisé pour y mettre à l'abri une partie
de sa flotte, et connaissait donc les avantages de ce site.
Sur un point, le choix devait se révéler judicieux : en effet
les courants de marée montante, en se répercutant sur les
côtes, maintenaient la mer haute plus longtemps.
Les travaux : l'aménagement du site et la construction
du port
Le
texte du 7 février donnait possibilité à Bonnivet de commettre
quelqu'un en son absence. Aussi, dès le 12 février, transmettait-il
sa commission à Guyon le Roy en en reprenant les termes.
Dès le 22, ce dernier écrit à M. de Blosseville, capitaine
des côtes de Normandie, lui demandant d'appeler les maîtres
maçons et autres ouvriers de Normandie à l'adjudication des
travaux.
Préalablement, le 2 mars, cinq à six cents personnes, officiers
de justice et de l'administration, maîtres maçons, capitaines
de navires, habitants de Harfleur et " autres plusieurs
personnaiges à ce congnoissans ", se rendirent sur
le terrain pour donner leur avis sur " le lieu le
plus propre, utile et convenable et plus parfaict ".
Le 3 mars, on procèda à l'adjudication des travaux au rabais.
Jehan Gaulvyn, de Harfleur, et Michel Feré, de Honfleur, tous
deux " maistres du mestier de machonnerie "
furent déclarés adjudicataires.
Les
travaux, prévus pour être finis à la fin doctobre, furent
bien loin d'être exécutés dans le délai porté au marché,
et ce pour plusieurs raisons :
* Le mauvais état du sol nécessitait de creuser beaucoup
plus profondément pour trouver un sol stable. Il fallut donc
employer un très grand nombre de pieux pour soutenir
les ouvrages de maçonnerie
* Le climat et les conditions de travail rendirent
illusoire la corvée prévue par la commission du 7 février
; il fallut donc aller chercher, et de plus en plus loin,
des pionniers et les payer.
* Enfin, lors des tempêtes, il était impossible
aux ouvriers de travailler.
Cependant, une lettre prouve quà partir doctobre
1518 le port pouvait être utilisé.
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