A l'origine, Il n'avait été question que de construire
un port, la commission du 7 février 1517 était claire
sur ce point.
Si
l'emplacement du port semblait judicieusement choisi, le site
de ce havre n'avait aucune des vertus qui attirent et retiennent
les hommes, notamment en raison des nombreux marécages
qui entouraient le site. Les conditions physiques paraissaient
même conspirer toutes ensembles pour les en éloigner. "
Jamais pourtant site ne fut plus défavorable à des établissements
humains", mais " d'inexorables nécessités
politiques et économiques ayant amené la création du port,
la ville devait naitre non moins inexorablement, quels que
fussent les désavantages du site ".
L'initiative revient à du Chillou qui, sur le chantier, s'était
vite rendu compte qu'un port ne pouvait rester sans un établissement
capable d'accueillir tous ceux qui auraient à intervenir dans
les fonctions portuaires.
Il
fallut donc créer de toutes pièces un habitat. Guyon Le Roy,
en plus de ses fonctions officielles, était également
un homme d'affaires entreprenant. Il exploita alors la situation
à son profit et se conduisit en véritable " promoteur
immobilier ". Prenant contact avec les paroissiens d'Ingouville,
un village de pêcheurs et de cultivateurs, il se fit concéder
24 acres de terre à prendre des deux côtés du havre dans l'intention
de revendre ce terrain sous forme de parcelles pour y construire
le Havre de Grace. Cependant, personne ne se précipitait pour
venir vivre sur ces terres. En effet, dans l'esprit des habitants
de la région il s'agissait d'un avant-port (de Rouen
ou d'Harfleur, suivant où l'on réside), mais en aucun cas
d'un établissement portuaire autonome.
Aussi du Chillou chercha-t-il à intéresser le Roi à son entreprise
et il y réussit au-delà de toute espérance.
Dès le 8 octobre, François 1er accorda aux habitants et
futurs habitants exemption de taille et de franc salé.
Dans ses lettres patentes, il rappellait les raisons de la
création d'un port au lieu de Grace et ajoutait vouloir
faire construire et édifier une forteresse et une ville close.
C'est là le véritable acte de naissance
de la ville.
Mais malgré ces privilèges et la protection royale, les lotissements
ne démarrèrent pas. C'est qu'il n'y avait encore que
peu d'activité maritime et surtout commerciale. C'est pourquoi
3 ans après les premières exemptions en août
1520, à l'issue de sa visite, le Roi accorda de nouvelles
lettres patentes, confirmant " à toujours perpétuellement
et à jamais " les privilèges accordés.
Guyon Le Roy acquit pour sa part à titre de " fieffe
" le territoire de la future ville.
|