Gandhi et la décolonisation
indienne
Mohandas Karamchand Gandhi, dit le mahatma (« la
grande âme »), est né en 1869
en Inde.
Issu d'une famille de aisée, diplômé
de Droit en Angleterre, il devint avocat à Londres
en 1891, puis en Inde jusqu'en 1893. C'est en Mai 1893
qu'il alla s'installer en Afrique du Sud, où
il fut confronté au racisme de la communauté
blanche. Bouleversé par la condition humiliante
des immigrants indiens, il fonda en 1894 une section
du parti indien du Congrès ainsi que, en 1904,
l'hebdomadaire Indian Opinion pour défendre
les droits et la dignité des Indiens d'Afrique
du Sud.
C'est à ce moment de sa vie qu'il inaugura
sa célèbre tactique de la «résistance
passive » et de la non-violence aux autorités.
Cette époque fut décisive pour la formation
des idées de Gandhi : il se mit à étudier
les grands textes de la tradition religieuse hindouiste
(les Upanishad, la Bhagavadgita), mais aussi le Coran
et les Evangiles.
De retour en Inde en Janvier 1915, ses campagnes en
faveur des Indiens d'Afrique du Sud ainsi que ses fréquents
séjours en prison l'avaient rendu populaire.
Ses compatriotes se rallièrent avec enthousiasme
à la tactique de la résistance passive,
qu'il inaugura lui-même dans le Bihar en 1917.
Quand les autorités britanniques promulguèrent
les lois Rowlatt (Mars 1919) qui permettaient d'emprisonner
sans jugement les suspects, Gandhi répondit en
organisant la grande manifestation du « hartal »:
pendant un jour (le 6 Avril1919), les Indiens suspendirent
toute activité.
Malgré le massacre d'Amritsar, quelques jours
plus tard, Gandhi continua à prêcher la
non-violence. L'année suivante, les musulmans
indiens ayant engagé une campagne de restauration
du califat, après la chute de l'Empire ottoman,
Gandhi eut l'habilité de leur apporter le concours
des hindous. Il joua le rôle de premier plan au
Congrès de 1920, qui lança le mouvement
de non-coopération (refus des décorations
et des titres anglais, désertion des écoles
et des tribunaux anglais, abstention dans les assemblées
législatives) et la campagne du Kadhi (boycottage
des produits anglais, retour du peuple indien aux techniques
artisanales afin de subvenir seul à ses propres
besoins).
Durant des années, le cycle des manifestations
et emprisonnements ne cessa pas :
- Février 1922 : grève de l'impôt.
- Gandhi est arrêté et condamné
à six ans de prison.
- De 1924 à 1930, Gandhi se consacreà
la réforme morale de son peuple et à la
renaissance de l'artisanat indien (le rouet de Gandhi
devient alors le symbole de la lutte patiente du peuple
indien pour son indépendance).
- En Mars 1930, il lance une campagne contre la taxe
sur le sel, qui frappait surtout les couches les plus
pauvres de la population : la « marche à
la mer », du 12 Mars au 6 Avril.
- Avril 1930 : il est à nouveau incarcéré.
- 1931 : il participe à Londres à la conférence
sur la question indienne, qui n'aboutit à aucun
résultat.
- 1932 : rentré en Inde, il est encore une fois
arrêté; il se livre alors à des
jeûnes répétés, qui attirent
l'attention du monde entier sur la cause indienne.
- 1934 : libéré, il décide quitter
le Parti du Congrès dont l'action purement politique
prend un tournant contraire à son idéal.
- Octobre 1940 : au début de la Seconde Guerre
mondiale, Gandhi déclenche une nouvelle campagne
de désobéissance civile; mais la guerre
contre le Japon et l'avance des armées nippones
jusqu'aux portes de l'Inde forcent les Britanniques
à entrer dans la voie des concessions.
- 1942 : Gandhi, prêt à mettre fin à
sa campagne, est arrêté et détenu
jusqu'en 1944.
Après sa libération, il s'efforça,
par d'ultimes négociations avec la Ligue musulmane
de Jinnah, d'empêcher une partition de L'inde
entre hindous et musulmans , mais il échoua.
Il multiplia les journées de prières,
les jeûnes, mais il était dépassé
par la marée de violence dont il allait être
lui-même victime : accusé de tiédeur
et de trahison par des extrémistes hindous, il
échappa à un attentat à la bombe,
mais quelques jours plus tard, il fut abattu de trois
coups de revolver par un fanatique.
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Gandhi
1982 - Richard Attenborough
Dès ses débuts d'avocat en Afrique
du sud, où sévit une véritable
ségrégation raciale, Gandhi lutte
en faveur de la communauté indienne en
un combat qu'il veut pacifique. Son retour en
Inde en 1915 est triomphal. Commence alors sa
campagne de « désobéissance
civile » qui lui vaut d'être
emprisonné à plusieurs reprises.
C'est en 1945, après de nombreuses luttes,
des manifestations pacifiques réprimées
dans la violence, des massacres et des négociations
difficiles entre Musulmans et Hindous, que l'Inde
accède à l'indépendance.
Mais 3 ans après, le 30 janvier 1948, Gandhi
est assassiné.
Plus de détails sur le film : www.commeaucinema.com
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A RETENIR
Gandhi et la non-violence
Chez Gandhi, la non-violence devait s'épanouir
en une bienveillance s'étendant aussi bien
sur les bons que sur les méchants ;
elle s'appuyait sur une rigoureuse ascèse
intérieure, et elle devait avoir pour orientation
suprême la libération de l'âme
dégagée de sa servitude terrestre,
but recherché depuis toujours par la spiritualité
hindoue. C'est dans ce domaine spirituel que Gandhi
s'est montré vraiment révolutionnaire
: son uvre constitue l'effort le plus remarquable
pour donner toute sa valeur à la morale
active, longtemps dédaignée par
l'Inde. Selon Gandhi, c'est en vivant pour
autrui, en se dévouant à ses frères
humains que l'homme accède à la
délivrance. Gandhi ne voulait pas seulement
libérer les Indiens de la domination étrangère,
il voulait aussi et surtout les rendre spirituellement
dignes de leur liberté, leur apprendre
à respecter tout homme, même l'intouchable,
même l'occupant anglais. De là la
méfiance de Gandhi envers la civilisation
industrielle et ses campagnes pour la renaissance
de l'artisanat ; de là les pauses « mystiques »
qui interrompirent à plusieurs reprises
son action politique, de là la fidélité
à la non-violence, qui donne une trempe
morale à celui qui y recourt et qui peut
inciter l'adversaire à réfléchir.
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A RETENIR
La partition de l'Inde et ses conséquences
L'Inde de 1947 était peuplée d'Hindouistes
et de de Musulmans (répartis au nord-ouest
et au nord-est de la péninsule). Ces derniers
désiraient vivre dans leur propre état,
un état musulman, ce que rejetais Gandhi,
considérant que l'Inde devait dépasser
les querelles religieuses pour ne former qu'une
grande nation unie.
Mais dès les années 1940, la Ligue
Musulmane milita de plus en plus pour cette partittion.
La lutte entre hindouistes et musulmans dégénéra
rapidement en véritable guerre civile,
avec son lot de massacres. Après la proclamation
de l'indépendance indienne (15 Août
1947), Gandhi assista avec douleur aux sanglants
déchaînements de haine entre les
deux communautés religieuses, qui firent
près de 500.000 victimes.
Les états musulmans issus de la partition
de l'Inde sont aujourd'hui le Pakistan et le Sri
Lanka.
La question du Cachemire, qui oppose l'Inde et
le Pakistan et a été à l'origine
de 3 guerres, découle directement de cette
partition de 1947-1948.
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Biographies
Jawaharlal
NEHRU
(1889-1964)
Disciple de Gandhi, il fut président du
Congrès national indien à partir
de 1929 et fut l'un des artisans de l'indépendance
de l'Inde. Il dirigea l'Inde indépendante
de 1947 à 1964.
Muhammad
Ali JINNAH
(1876-1948).
Membre de la Ligue Musulmane, il en devint l'un
des dirigeants et milita pour la création
d'un Etat musulman issu de la partition de l'Union
indienne. Il devint le premier chef d'Etat du
Pakistan, de 1947 à 1948.
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