Comprendre> Les fondements de la politique
étrangère américaine (Dossier Sept. 2004)
Pratiques et évolution
de la politique étrangère (années
1920 à 1948)
L’isolationnisme relatif des années 1920-1930
Après la Première guerre mondiale, l’opinion
publique américaine désire profiter de la paix
retrouvée, de la prospérité du pays,
et se protéger de tout engagement avec les européens
qui pourraient à nouveau les conduire
à la guerre. Le républicain Warren G. Harding
est élu à la Présidence en 1921 avec
comme slogan le « retour à la normale ».
Mais le retrait américain des affaires européennes
ne fut que relatif : les Etats-Unis s’occupèrent
en effet activement des questions des remboursements des prêts
que les états européens avaient contracté
pendant la guerre, ainsi que de la question des importantes
réparations que l’Allemagne tardait à
payer. Les Plans Dawes (1924) et Young (1929) permirent de
réduire les réparations et initièrent
les prêts américains à l’Allemagne.
Les Etats-Unis s’engagèrent également
pour le désarmement naval (1924 : traité des
neuf puissances). Enfin, en 1928, le pacifisme américain
s’exprima par le Pacte Briand-Kellog (des noms des responsables
des politiques étrangères française et
américaine) qui mettait la guerre hors la loi mais
restait d’une valeur symbolique.
Avec
la crise économique de 1929 et la profonde dépression
qui frappa les Etats-Unis puis le monde, la politique étrangère
fut mise de côté. Franklin Delano Roosevelt (président
de 1933 à 1945) fut en effet élu sur un programme
de redressement économique, la Nouvelle Donne (New
Deal). Une vague d’isolationnisme déferla sur
l’Amérique alors que les crises internationales
se multipliaient (invasion de la Mandchourie par le Japon
en 1931, arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne
en 1933, invasion de l’Ethiopie par l’Italie en
1935). Des lois de Neutralité furent votées
en 1935, 1936 et 1937, interdisant d’exporter des armes
vers des états belligérants, ou de leur accorder
des prêts et crédits). Cependant, ces lois furent
progressivement révisées lorsque les évènements
conduisant à la guerre s’accélèrent
dès 1938 (Anschluss, puis début du second conflit
mondial en Europe).
Roosevelt, la seconde guerre mondiale
et l’après-guerre : l’application des principes
wilsoniens dans un contexte international favorable (1941-1948)
C’est
au nom de la défense de la démocratie que Roosevelt
engagea progressivement son pays dans la guerre, en consentant
un prêt-bail d’armes aux Anglais : « Nous
devons être le grand arsenal de la démocratie »
(conférence de presse, le 17 décembre 1940). Après
l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, les
Etats-Unis entraient en guerre contre les fascismes.
Roosevelt s’inspira alors largement de Wilson lors de
son engagement dans la Seconde Guerre Mondiale : il désirait
faire triompher la civilisation dont l’Amérique
se devait d’être le héraut ; la guerre était
perçue comme la lutte entre les forces du Bien (les démocraties
alliées) et celles du Mal (les fascismes de l’Axe).
La victoire assurée, les Etats-Unis, seule puissance
encore prospère, présida à la reconstruction
du monde nouveau.
L’influence des conceptions wilsoniennes fut patente lors
de la conception des grandes institutions internationales –
ONU) qui projetaient au niveau mondial les valeurs américaines
: respect de la démocratie et des droits de l’homme,
libéralisme économique et de marché, règlement
pacifique des différends... Les Etats-Unis expérimentaient
même l’exportation de leur modèle grandeur
nature au Japon, qu’ils occupèrent durant sept
ans, et dont ils changèrent radicalement les structures.
Pourtant l'idéalisme wilsonien ne fut pas triomphant. Suite
à la faillite de la Société des Nations (1920-1946), Roosevelt
est aussi l'homme réaliste qui institue le Conseil de Sécurité
au sein des Nations Unies, qui regroupent les "cinq gendarmes"
(Etats-Unis, Grande Bretagne, France, Chine, URSS)responsables
de l'ordre mondial.